Françoise Duarte habite à Lescar, à six kilomètres de la place de Verdun, à Pau, où elle a porté pour la première fois sa pancarte « Pas anti vaccin. Contre le pass obligatoire et ses mesures discriminatoires », le 14 juillet, deux jours après qu’Emmanuel Macron annonçait l’extension du pass sanitaire à tous les lieux de loisirs et de culture, puis aux bars et restaurants.
Que ce vaccin soit plus étudié, qu’il y ait plus de retours. On a le droit, en tant que citoyen, de prendre son temps !
Françoise Duarte
« Je ne suis pas contre le vaccin en lui-même, explique l’auxiliaire de vie de 56 ans, qui cumule son emploi avec celui d’agent de service, tôt le matin. Le dernier vaccin que j’ai fait était celui contre l’hépatite B. Il n’est pourtant pas obligatoire. Mais en temps qu’auxiliaire de vie j’ai accepté de le faire. Après tout je suis vaccinée contre le tétanos, je fais régulièrement mes rappels… » Ce qu’elle demande, c’est d’avoir le droit d’attendre, avant d’être vaccinée contre le coronavirus. « Que ce vaccin soit plus étudié, qu’il y ait plus de retours… On a le droit, en tant que citoyen, de prendre son temps ».
Gilet jaune après avoir voté Macron Originaire du Puy-de-Dôme, elle est une habituée des manifestations paloises. Elle a revêtu un gilet jaune dès le début du mouvement, en 2018. Pourtant, un an avant, elle avait voté Macron. Dès le premier tour de l’élection présidentielle. « Parce que je suis anti-Front national, déjà. Et puis les discours d’Emmanuel Macron qui promettait qu’il n’y ait plus de SDF à la rue, qui expliquait vouloir travailler avec des personnes de la société civile, comme nous, qui nous comprendraient, m’ont plu ». Elle s’est sentie trahie dès qu’elle a vu ses factures et le prix de l’essence augmenter, l’ISF réformé, les projets de loi sur les retraites et l’assurance chômage. « Je me suis fait avoir, je n’ai pas honte. Il a abusé de moi comme il a abusé de milliers de personnes ».
Pendant que nous parlons du pass sanitaire, nous ne parlons pas de la hausse des prix du gaz et de l’électricité, ni des réformes de l’assurance chômage et des retraites.
Françoise Duarte
La Lescarienne a attentivement regardé à la télévision, qu’elle regarde beaucoup et en particulier les chaînes d’information en continue, l’allocution du chef de l’État, le 12 juillet. Elle l’a entendu annoncer que la réforme de l’assurance chômage serait au programme du début du mois d’octobre, et que la réforme des retraites viendrait ensuite. Elle craint que la problématique du pass sanitaire ne détourne l’attention des manifestants. « Pendant que nous parlons du pass sanitaire, nous ne parlons pas de la hausse des prix du gaz et de l’électricité, ni de ces réformes. C’est un peu l’effet serpent : il vous hypnotise, il vous hypnotise… et hop ! Il vous pique ! »
Françoise Duarte a donc décidé de mettre les manifestations anti-pass sanitaire sur pause, pour l’instant. Mais elle continue sa lutte pour une meilleure répartition des richesses.